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Chapitre XIX

L’ANACHORÈTE

La nuit était venue très vite et très noire sous l’épaisseur des branches qui faisaient l’ombre même en plein jour.

Que pouvais-je tenter ? Comment porter secours à ma princesse, toujours immobile et que j’apercevais à peine ?

Doucement, avec ma trompe, je lui avais soulevé le haut du corps, la maintenant dans cette position en la balançant doucement, en l’éventant avec mes oreilles.

Mais elle ne bougeait pas, et l’idée qu’elle était peut-être morte m’emplissait d’une telle angoisse que, à mon insu et sans reprendre haleine, je poussais des gémissements et des cris si déchirants qu’ils furent pris pour des cris humains, et c’est ce qui nous tira de peine.

Je vis tout à coup trembler au loin sous les feuillages une petite