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passaient en causant, en riant. Elle se pencha pour voir arriver Adrien.

Des voitures filaient rapidement. Max Dumont passa à cheval ; il avait des hottes, un feutre, une ceinture de flanelle, une cravache dont il cinglait la croupe de sa lourde monture, plus habituée à la paisible charrue qu’au galop furieux qu’on voulait lui faire prendre. Un grand garçon maigre, au nez mélancolique, juché sur un vélocipède, arriva comme un éclair et dépassa le cheval. M. Provot apparut le premier à l’angle du restaurant, qui fait un coude à quelques pas de la grande porte de l’hôtel. Jenny venait ensuite, appuyant sa tête sur l’épaule de sa mère.

— Tu as donc fait quelque mauvais tour que tu me câlines comme cela ? disait madame Després en caressant les cheveux de Jenny.

Adrien marchait le dernier. Il leva les yeux vers Lucienne et lui sourit.

Elle porta la main à sa bouche pour lui envoyer un baiser… Mais elle se souvint qu’elle était maintenant une jeune fille très-convenable ; et elle se retira vivement de la fenêtre.

Quand la cloche du dîner tinta et que Lucienne sortit de sa chambre, Adrien sortit au même moment de la sienne. Il l’attendit.

— Mademoiselle, lui dit-il lorsqu’elle fut près de lui, je voudrais vous parler, vous parler à vous seule quelques instants, ce soir. Le voulez-vous ?