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— C’est impossible ! Mais à la rigueur, je modifierais un peu mon idéal.

— Es-tu enfant ! Et que vas-tu lui répondre, voyons ?

— Je vais lui donner un rendez-vous.

— En vérité ! Et où cela ?

— À l’église, dimanche, pendant la grand’messe.

— Et alors… ?

— Alors, je le regarderai, et je verrai s’il me plaît.

— Et puis ?

— S’il me plaît, je lui demanderai de m’écrire encore, pour tâcher de mieux connaître son esprit et son caractère.

— Et si ses lettres, comme sa personne, répondent à ton rêve, reprit Lucienne en devenant tout à coup sérieuse ; si tu crois qu’il t’aime vraiment ; si tu sens que toi aussi tu l’aimes… que feras-tu ? dis-moi, que feras-tu ?

— Eh ! c’est bien simple, reprit Jenny en regardant Lucienne avec surprise ; je dirai tout à maman. Alors il demandera ma main.

— C’est vrai ; moi, je ne songeais pas à cela, dit Lucienne en pâlissant un peu.

— Que croyais-tu donc ? Je ne veux pas me faire enlever, je suppose !

— Mais, Jenny, si ta mère refusait son consentement ?

— Je tâcherais de l’oublier, dit Jenny en soupirant.

— Et si tu ne pouvais pas ?