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— Qu’est-ce qu’il nous chante ? dit M. Provot.

— Il n’a pas l’air de douter la moins du monde que nous ne comprenions le sens de ses paroles, dit Lucienne.

— Ah, maman, suivons le berger ! s’écria Jenny ; il va faire des sorcelleries, ce sera amusant ; le voilà qui entre dans l’auberge.

Adrien aida les dames à descendre de voiture. Lucienne, qui suivait des yeux le vieux berger, oublia plus longtemps qu’il n’était nécessaire sa main dans celle du jeune homme.

On courut se mêler aux groupes, bourdonnant devant la porte que venait de franchir le sorcier.

— Il monte l’escalier, disait-on ; quel dommage qu’on ne puisse pas le suivre !

— Il faut qu’il soit seul pour faire ses momeries.

— Tout ça, c’est des bêtises, dit un marchand de fromages qui portait un panier à son bras. Pourtant,’ça ne peut pas Faire de mal.

— Tâchons de tirer quelque chose de ce demi-sceptique, dit Adrien en se rapprochant du marchand. C’est donc un sorcier, ce berger ? lui dit-il.

— Le vieux finaud ! il l’a fait accroire à bien des gens ; et même ceux qui ne le croient pas vont le chercher tout de même.

— Pourquoi a-t-on été le chercher ?

— C’est pour faire danser le voleur, dit une vieille paysanne, qui écoutait, les poings sur les hanches.

— Vous ne comprenez pas, dit le marchand en riant ; c’est une idée d’ici. On vient de voler des