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pendue aux pétales d’un bleuet l’attendrissaient profondément. Le rayonnement qui était en elle débordait et illuminait toute chose à ses yeux. Il lui semblait qu’elle voyait la nature pour la première fois.

On avait pris un chemin étroit à travers champs. Par instant, les épis de blé frôlaient les roues de la voiture, puis on entrait dans un bouquet d’arbres et l’on se trouvait tout à coup enveloppé d’une pénombre verte.

— Comme c’est joli ! disait Jenny en abaissant son ombrelle et en levant la tête.

Le jeune homme se penchait un peu pour éviter les branches.

Ces bouquets de verdure abritaient des fermes ; leurs toits de chaume, moussus et roux, descendant presque jusqu’au sol, se montraient derrière les troncs lisses des trembles. Des marmots accouraient sur les portes, des chiens aboyaient. Sous les pommiers penchés en tous sens, de jeunes veaux paissaient l’herbe épaisse.

Puis l’ombre cessait, on se retrouvait en plein champ.

Le cocher parlait à Adrien et lui nommait, en les désignant du bout de son fouet, les villages qui se découpaient sur l’horizon.

— Quand nous aurons grimpé cette côte, là-bas, disait-il, nous n’aurons plus qu’à descendre, nous serons à Valmont.

Bientôt la côte fut gravie, la voiture résonna sur