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Mais elle eut beau se hâter ; lorsqu’elle arriva au haut de la côte, ceux qu’elle cherchait avaient disparu. La promenade s’acheva de la façon la plus maussade, et M. Provot, tout essoufflé, recommença ses tristes réflexions sur l’instabilité de l’humeur féminine.

Au dîner, la gaieté de Lucienne était revenue. Les étrangers s’humanisèrent un peu. Ils avaient évidemment pris des renseignements sur leurs voisins de table, consulté peut-être le livre des voyageurs, et, rassurés sur leur état social, ils se laissèrent aller à causer.

On parla de la baignade du matin, La dame trouvait la mer très-froide, et M, Provot était de son avis. Lucienne et Jenry se récrièrent, prétendant qu’elle était très-bonne. Le jeune homme, lui aussi, trouvait l’eau un peu froide.

— Sans cela, disait-il, je passerais toute la journée dans la mer.

— Vous nagez si merveilleusement bien ! s’écria Lucienne.

Cette exclamation lui valut sous la table un coup de genou de M. Provot.

— Il y a bal ce soir au Casino, dit Jenny avec un soupir ; nous n’irons pas, nous sommes trop fatigués.

Lucienne soupira à son tour ; elle eût pu danser avec lui à ce bal.

— Vous aimez beaucoup la danse, mademoiselle ? dit-elle.