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— Marne Mafflu, cria de nouveau la femme de chambre. C’est un drôle de nom, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle.

— Mais non, dit la jeune femme en souriant. Eh bien, madame Mafflu, voulez-vous ouvrir les rideaux ; puis prévenir mon… oncle que je suis éveillée. Dites-lui que je désire prendre un bain de mer avant le déjeuner.

Quelques heures plus tard, M. Provot était assis sur les galets de la plage, fumant un cigare et lisant un journal. À quelques pas de lui, Lucienne, étendue sur un châle déployé, jetait des pierres aux vagues et bâillait souvent.

Elle avait pris son bain et ne savait plus que faire.

— Tu n’as pas l’air de t’amuser beaucoup ! lui dit M. Provot.

Elle répondit par une petite moue significative.

Un brouillard léger voilait le ciel ; la mer d’un vert d’émeraude, plein de douceur et de transparence, était paisible ; les vagues roulaient presque sans bruit, avec un peu d’écume sur les galets ; au loin une goëlette passait.

Quelques personnes de la ville se baignaient ; elles s’accrochaient à une corde liée à des poteaux et sautaient, pour éviter les vagues, avec un manque d’ensemble qui avait fait d’abord sourire Lucienne, mais cette distraction l’avait vite lassée.

Un bruit de galets croulants annonça de nouveaux arrivants.

Le maître baigneur descendait la pente de la