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III


Vers le milieu de la nuit, à ce qu’elle crut du moins, Lucienne fut réveillée brusquement par un grand tapage. Elle pensa que la maison s’écroulait ou qu’une tempête s’était déchaînée.

Elle sauta lestement à bas du lit et courut à la fenêtre, que vaguement l’aube blanchissait déjà. Dès qu’elle eut soulevé le rideau, elle reconnut que ce qui avait causé son effroi était tout simplement l’arrivée de l’omnibus. Le cocher Félix remuait les bagages sur l’impériale, puis les faisait glisser le long d’une échelle. C’est tout ce que Lucienne put voir sans ouvrir sa fenêtre ; mais elle entendit, au milieu des piaffements des chevaux et du bruit de leurs grelots secoués, une voix de femme qui disait :

— Jenny, regarde dans la voiture, j’ai laissé tomber mon éventail.

— Jenny ! … le nom de mon ancienne amie, se dit Lucienne, qui, un peu frissonnante, se replongea entre ses draps et essaya de se rendormir.

Elle ne put y parvenir. Toutes sortes de bruits s’éveillaient dans l’hôtel. On marchait dans les cor-