Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en bronze, en bois peint ; des vases, des miroirs, des instruments de musique les plus bizarres : le tout dominé par une pagode de porcelaine. Un parfum exotique et pénétrant s’exhalait de cette salle. Au fond, dans un angle, un escalier tournant en chêne sculpté à la rampe duquel étaient accrochés des carquois, des boucliers et des parures de sauvages, montait aux chambres du haut. Il y avait là trois pièces : l’une, assez vaste, était un salon-bibliothèque ; les deux autres étaient des chambres à coucher. C’est dans la bibliothèque qu’aboutissait l’escalier, et c’est là que Lucienne trouva M. Lemercier.

Lorsqu’elle entra, son bouquet à la main, elle eut un succès complet.

— Ce n’est pas à F… que tu as pu trouver de pareilles fleurs dans cette saison ! s’écria le vieillard.

— C’est pour Stéphane, dit Lucienne.

— Ah ! petite fée, je comprends. C’est sous tes doigts qu’est éclose cette charmante floraison. Quelle aimable pensée, et comme il en sera touché ! Viens, tu placeras toi-même le bouquet dans sa chambre.

Il ouvrit une porte et fit entrer Lucienne. Le luxe avec lequel cette chambre était aménagée trahissait l’adoration que ce père avait pour son fils. Tout ce qu’il possédait de plus précieux était réuni là ; les plus riches tapis, les tissus les plus superbes couvraient les murs et le plancher. Le lit était un lit chinois en bois de fer, fouillé de sculptures ; une peau d’ours noir lui servait de couvre-pied.