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Une fois, M. Lemercier lui dit :

— Êtes-vous musicienne ?

— Un peu, dit la jeune fille, j’avais une assez jolie voix.

— Alors, il nous Faut un piano ici ; si vous trouvez ce luxe excessif, vous direz que c’est moi qui l’exige. On sait que vous êtes orpheline et que vous n’avez pas toujours été obligée de travailler ; il est donc tout naturel que vous ayez appris un peu de musique. Il ne faut rien perdre des choses acquises, mais les perfectionner, au contraire. Nous écrirons à Rouen pour louer un piano.

— Si j’y allais ? dit Lucienne vivement.

— À Rouen ?

Alors elle avoua son désir au vieux marin.

— Ma foi ! vous avez bien gagné cette petite récompense, dit-il. Allez, mais soyez prudente.

— Ah ! cher père, comme je vous aime ! s’écria Lucienne en lui sautant au cou.