Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

atteignent rarement. Le père Grialvat l’a enterré derrière sa maison.

Recevez mes salutations respectueuses :
molinot, maire de Chagny. »

— Cette lettre nous servira à confondre vos calomniateurs, dit te vieillard. Quel est, d’après vous, le premier qui a pu mettre cette histoire en circulation ?

— Ce doit être ce docteur dont je ne sais pas le nom, celui qui m’a poursuivie un jour dans la rue. Un grand jeune homme très-brun, au visage coloré.

— Dartoc ? Il n’est pas mauvais, il n’est que léger et vaniteux. Si c’est lui qui a fait le mal, c’est lui qui le réparera. Nous attendrons une occasion. Mais voyons, désormais soyons braves et tenons tête à nos ennemis. Ouvrez ces rideaux qui vous privent de jour ; cessez de vous enterrer vivante ; allez, venez, et ne craignez rien ; je suis là.

Il écarta lui-même les rideaux de soie. Les yeux toujours ouverts et auxquels rien n’échappait, aperçurent bientôt le vieillard.

— Ah ! s’écria-t-on, M. Lemercier est chez la modiste, lui qui est si ours et qui ne voit jamais personne. Il la connaît donc ?

H. Félix, qui était en faction à sa place ordinaire sous les halles, écarquilla les yeux lorsqu’il vit la belle barbe blanche de l’ancien marin s’épanouir derrière la vitre de Lucienne ; mais il s’esquiva au plus vite.