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habileté ; ses habitudes d’élégance et son goût de Parisienne faisaient le reste.

Le chapeau fut bientôt prêt, elle le mit dans un petit carton, et, le soir, lorsqu’elle eut fermé sa boutique, elle sortit, allant pour la première fois reporter de l’ouvrage.

Lorsqu’elle sonna à la grande porte verte du logis de l’armateur, on était occupé à parler d’elle dans le salon de madame Maton. Les habitués étaient réunis, les dames travaillaient, Max faisait du filet, les joueurs de whist étaient en présence. Seul, le docteur Dartoc ne faisait rien et s’agitait dans son fauteuil.

— Allons, mon cher Pascou, disait-il, convenez que, même avec l’aide des esprits, vous n’avez jamais été aussi sorcier que je viens de l’être en cette circonstance.

— Je ne vois pas bien clairement que vous ayez deviné juste, dit le spirite.

— Comment ! s’écria le docteur qui semblait toujours vouloir s’élancer hors de son fauteuil, et qui en réalité n’en bougeait jamais ; ma première idée, en voyant cette charmante personne, est qu’elle a un enfant en nourrice à la campagne ; et madame Maton ne vient-elle pas de nous dire que la modiste reçoit en effet des lettres d’un petit village de Bourgogne ?

— Avez-vous lu ces lettres ?

— Je n’ai pas comme vous le don de seconde vue.