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— Je vous remercie mille fois, monsieur, dit la jeune fille avec une froide politesse, mais j’ai une santé de paysanne.

— Vous êtes bien pâle cependant, dit le docteur, mais cela ne prouve rien ; et, malgré mon désir de vous servir, je désire encore plus vivement que vous n’ayez jamais besoin de me voir.

Les dames se levèrent.

— Lorsque le chapeau sera refait, vous me l’apporterez, n’est-ce pas ? dit madame Maton en donnant sa carte à la modiste.

— Je ne pourrai le porter que le soir, une fois ma boutique fermée, dit-elle.

— L’heure importe peu, dit madame Maton, qui salua avec un sourire.

La jeune fille referma la porte sur les visiteurs et alla se rasseoir à sa table.

— C’est très-mal, docteur, de vous être servi de nous pour pénétrer chez elle ! dit madame Dumont en remontant en voiture.

— Ou fait comme on peut, dit le docteur. Mais vous aviez raison, elle est adorable. Savez-vous quelque chose ?

— Presque rien, elle n’est pas bavarde.

— Eh bien, moi, je vais vous dire ce qu’elle est, dit le docteur. C’est une fille qui a été séduite et abandonnée.

— Celui qui a pu abandonner une pareille femme est un fameux gredin, s’écria Max.

— Elle a un enfant quelque part, en nourrice.