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Aussi, c’est sur les quais, en face des bassins, que s’élèvent les maisons bourgeoises ; la rue est abandonnée, presque d’un bout à l’autre, aux pêcheurs, dont les maisons à un seul étage, toutes semblables, sont construites en silex et en briques. Les habitations qui bordent les quais sont en pierre ou en moellons.

En face du premier bassin, sur le quai de la Vicomté, s’étend une maison peu haute (elle n’a que deux étages, ) peinte en jaune clair, et dont la façade, sans aucun ornement, est percée régulièrement de nombreuses fenêtres. Une grande porte verte carrée, tout unie, troue la maison à peu près au centre, jusqu’à la hauteur du premier étage. Sur cette porte est fixée une plaque de cuivre où on peut lire en lettres noires : Maton aîné, armateur. La porte franchie, on se trouve dans un large passage bitumé, donnant d’un côté sur l’entrée des magasins, de l’autre sur un large escalier, au pied duquel on voit une statue en plâtre bronzé soutenant une lampe. Cet escalier, couvert d’un tapis rouge, conduit aux appartements de la maîtresse du logis.

C’est dans le salon de cette dame que se réunissent le plus volontiers, pour tromper leur ennui, les malheureux que la destinée cloue à F… hiver comme été ; et c’est là que nous les retrouverons un soir de décembre.

Madame Maton, la souveraine de ce lieu, fort jolie naguère et qui s’efforce de l’être encore, était