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DEUXIÈME PARTIE


I


Les petites villes des bords de la mer, celles qui pendant quelques mois ont eu un peu de gaîté et d’animation, lorsque vient l’hiver sont plus tristes encore peut-être que les villes dont rien n’a rompu la monotonie. Tous les jours qui suivent la saison des bains ressemblent au lendemain d’une fête. On s’ennuie comme ailleurs, mais on a de plus l’amertume des regrets.

La nature, qui s’était faite si séduisante pour recevoir les étrangers, devient maussade et rechignée dès qu’ils ont tourné le dos. On ne peut pas mettre le nez dehors sans être flagellé par de furieuses rafales, froides et chargées de pluie. Les nuages sombres et bas traînent au faite des falaises ; la mer gronde continuellement et semble vouloir assiéger la ville. Les pauvres habitants confinés dans leur