Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’invalide jaillit d’une sorte de guérite et vous prend poliment votre papier. Toute mise en scène remplit d’orgueil l’heureux M, Duplanchet. Enfin l’on se trouve dans un jardin, on marche sur une couche de jolis cailloux blancs si épaisse et si remuante, qu’on peut à peine se tenir debout. Ces cailloux sont d’ailleurs ce qu’il y a de mieux dans ce jardin où l’on n’aperçoit pas un seul arbre. Le dessin des plates-bandes est ingénieux, mais les fleurs se refusent absolument à y pousser. M. Duplanchet ne s’explique pas cet entêtement de la végétation. Quant au casino lui-même il présente la figure d’un E majuscule couché. La barre principale longe la falaise et fait face à la mer ; les deux antres lui présentent le flanc ; l’une est un café enrichi de plusieurs billards ; l’autre une salle de bal, de concerts et de spectacle. Le bâtiment qui les relie contient les salons de lecture, de jeu, de conversation, et une interminable galerie réservée aux solennités municipales.

Pour affirmer son autorité, M. Duplanchet a rédigé un avis qu’on peut lire dans tous les salons : « Défense d’emporter les journaux, — Défense de monter sur les meubles. » Derrière la salle de bal s’élèvent un établissement d’hydrothérapie et de gymnastique, puis un charmant hémicycle percé de vingt portes qui s’ouvrent sur des cabines de bains chauds. Enfin une brusque saillie de la falaise met un terme à cet essor architectural.

C’était donc sur la principale porte de l’hôtel que