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que v’là, qu’on allait vendre, ce qui aurait été pour moi la fin des fins ; mes petiots sont tout fiers dans leurs beaux habits ; et moi je travaille comme dans le bon temps. Faites tout ce qui tous conviendra. Nous sommes tous à vous, vivants ou morts. Emportes Marie, si ça vous plaît.

— Merci ! dit Lucienne, avec un éclair de joie dans les yeux. Soyez sûr que vous ne vous en repentirez pas, et que de près ou de loin, je veillerai sur vous.

— C’est une drôle d’idée tout de même ! se disait à part lui le paysan.

Lucienne fit une visite au maire du village, et lui demanda s’il voudrait se charger d’une somme qu’elle lui enverrait de Paris, et qui serait destinée à venir en aide au père Grialvat dans les moments difficiles, si l’ouvrage manquait ou si la récolte était mauvaise. Le maire accepta le dépôt. Elle lui demanda encore de vouloir bien lui écrire de temps en temps pour lui faire savoir si son protégé continuait à se bien conduire et comment il élevait ses enfants. Il lui promit de lui donner des nouvelles.

Lucienne, tranquillisée, fut alors toute à la malade. Elle lui apportait des fleurs, des friandises. Elle s’efforçait d’éloigner d’elle l’idée de la mort, de la distraire ; et elle était heureuse quand elle parvenait à ramener sur ces lèvres si pâles un faible sourire.

Mais les heures étaient comptées pour la pauvre