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XVIII


À partir de ce jour, Lucienne ne quitta presque plus la chaumière. Elle y passait toutes ses journées et quelquefois les nuits, soignant la jeune malade avec un dévouement sans bornes. Dans le village, on disait que c’était une providence, un ange que le bon Dieu envoyait pour chercher l’âme de cette pauvre fille, qui avait eu si peu de joie sur la terre.

Les enfants, proprement vêtus, allaient à l’école, au lieu de vagabonder du matin au soir, et, chose plus extraordinaire, le père s’était remis au travail.

Marie vécut tout un mois encore et ce fut peut-être le plus doux mois de sa triste vie, tant Lucienne l’enveloppa de tendresse et de soins délicats.

Pendant les longues heures qu’elle passait à son chevet, Lucienne interrogeait la jeune fille sur le passé, espérant que quelque détail pourrait peut-être jeter un peu de lumière sur sa naissance et la mettre sur la trace de l’homme qui était son père. On avait retrouvé les lettres de madame Perrault, au fond de la vieille armoire de noyer, mais elles étaient toutes conçues à peu près ainsi : « Continuez