Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est bien sûr pas chez ce farceur de père Berthau, qui est dans les vignes plus souvent qu’à son tour, et qui ne loge que des routiers et des ivrognes comme lui ; vous seriez là, ma foi, en jolie société !

— Vous allez me donner une chambre alors ?

— La plus belle encore ! celle qui est sur le devant. Sidonie ! cria-t-elle, ouvre les volets, dans la chambre du premier.

— On y va ! répondit une jeune voix des profondeurs de la maison.

Lucienne suivant l’aubergiste entra dans un vestibule carré et gravît un escalier à rampe de bois. Le gamin venait après elle, la valise sur l’épaule.

Ils entrèrent tous dans la chambre destinée à Lucienne. Sidonie était là, penchée hors de la fenêtre pour arrêter le crochet des volets. C’était une grosse fille rougeaude, les cheveux serrés dans une marmotte d’indienne, les manches retroussées jusqu’au coude. Elle s’en alla avec le gamin, tout fier de la pièce de vingt sous que lui donna Lucienne, et qu’il noua au coin de son mouchoir.

— Eh ben, ça vous va-t-il cette chambre ? dit l’hôtesse en regardant autour d’elle d’un air très-satisfait.

— Parfaitement, dit Lucienne décidée à se contenter de tout.

La chambre n’était pourtant pas trop de son goût, avec son carrelage fendillé, son papier arraché par places, le lit plus haut que large, sous les rideaux de toile jaune ornés d’une bande rouge, la chaise