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de l’hôtel des Bains était réuni sur la porte et saluait les voyageurs.

— À l’année prochaine !

— Revenez-nous en bonne santé.

— Ramenez-nous le beau temps !

On ferma enfin la portière.

— Comme c’est triste un départ ! dit Jenny. On arrive si gai, sous les rayons du soleil, avec toute une perspective de beaux jours devant soi ; et puis, l’on s’en revient sous la pluie, frissonnant dans son manteau, avec l’hiver pour horizon. C’est déjà bien triste quand ce n’est que cela ; mais lorsqu’on a trouvé pendant le voyage d’excellents amis qu’il faut quitter, on emporte un véritable chagrin.

L’omnibus s’ébranla, les grelots tintèrent, les vitres vibrèrent secouées dans les châssis. La voix se perdait dans le bruit.

À la gare, on prit des billets les uns pour Rouen, les autres pour Paris.

Dans la salle d’attente, au milieu du brouhaha des employés portant les bagages, et des paysans chargés de paniers, courant de çà de là, parmi quelques bourgeois des environs attendant le départ d’un train local, le jeune Max, en bottes à l’écuyère, coiffé d’un feutre, se promenait mélancoliquement. Il avait sous son bras un petit chien havanais, sur le museau duquel il avait dessiné, à l’aide d’un fusain, un simulacre de muselière. L’animal s’agitait pour descendre à terre.

— Tout beau ! Mirza ! murmurait le jeune homme