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Des régates avaient eu lieu sur la mer dans la journée. Sous un soleil magnifique, les voiles blanches s’étaient poursuivies les unes les autres, secondées par une jolie brise de nord-est. Les rameurs, en vestes rouges, bleues ou vertes, avaient fait filer le plus vite possible leurs légers canots sur les lames ; bien des concurrents de la course au beaupré, perdant l’équilibre en s’avançant sur le mât frotté de savon, étaient tombés à l’eau ; bien des nageurs, coiffés du classique bonnet de coton, s’étaient vus forcés de renoncer au couvert d’argent et de revenir à terre après quelques brassées.

On avait distribué les prix en présence du maire, dans la galerie du Casino. Deux vieux matelots, prétendant l’un et l’autre avoir gagné le prix d’une course, avaient injurié l’autorité, s’étaient battus à coups de poing et, finalement, avaient été emmenés par deux gendarmes.

L’heure du bal allait sonner.

Toutes les jeunes filles, toutes les femmes de la ville étaient devant leur miroir.