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Le cri de la serrure la fit reculer.

— Suis-je bête ! fit-elle.

Elle avança la tête hors de la porte : il n’y avait rien qu’une vague obscurité et un silence profond.

Elle sortit sans lumière et referma sa porte.

Sa chambre s’ouvrait sur un très-long corridor, et n’avait pour vis-à-vis que la muraille, le bâtiment étant peu profond. Lucienne gagna cette muraille pour passer le plus loin possible des chambres et courir moins de chances d’être entendue. Elle s’avança lentement, retenant son souffle.

La première porte après la sienne était celle d’une chambre inhabitée ; puis venait celle de M. Provot ; ensuite c’était l’appartement de madame Després et de Jenny. La chambre d’Adrien était la dernière. Elle faisait face à une porte vitrée ouvrant sur une sorte de galerie couverte qui reliait deux corps de logis.

Lucienne marchait avec mille précautions ; mais son long peignoir, traînant sur la natte qui recouvrait le plancher, produisait un susurrement presque indistinct, qu’elle trouvait formidable. Elle atteignit la porte vitrée.

Le clair de lune qui traversait les vitres éclairait très-vivement l’extrémité du corridor. Elle avança d’un pas. La lueur tomba sur elle ; ce qui lui fit une impression de gêne, presque de honte. Cependant elle s’approcha de la chambre d’Adrien.

— Il est là, se dit-elle, il dort.

Elle appuya son oreille contre la porte.