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pénétrants éclairaient cette physionomie, à laquelle un nez d’aigle, une barbe effilée et pointue, mélangée déjà de quelques poils gris, un front découvert et rasé donnaient une vague ressemblance avec la tête de certains princes de la maison de Valois ; ses mains, petites et sèches, bistrées par le soleil et beaucoup plus foncées de ton que son visage, faisaient luire des ongles blancs et soignés.

Son costume se composait du burnous rouge d’investiture, d’un burnous blanc et d’une veste d’un vert pistache très-pâle, très-doux, très-rompu de ton comme toutes les couleurs de la palette orientale, d’une ceinture de soie, de larges grègues et de bottes de maroquin orange toutes plissées comme nos bottes à la hussarde. Tout cela était d’un choix exquis et d’une propreté rare.

Un spectacle étrange se déroulait devant nos yeux. Sous de grands arbres, figuiers, caroubiers, sycomores, la tribu des Beni-Khelil se réjouissait, car on n’a pas oublié que la haouch était en fête. De petits groupes de quatre ou cinq personnes occupaient, au pied de chaque arbre, un tapis commun entouré d’un certain nombre de bougies de l’Étoile (ô civilisation ! que venais-tu faire là ?) fichées en terre comme les chandelles des mal-