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nous garantissaient plus, nous ne pûmes résister au plaisir d’aller faire un tour extra muros.

En dehors de la porte de la Casbah, l’on rencontre une fontaine moresque, composée d’un corps de bâtiment faisant réservoir et d’un autre corps en ogive avec deux colonnettes à chapiteaux évasés comme des turbans ; le robinet qui verse l’eau est placé sous cette arcade, au fond de laquelle se contournent, sur une plaque de pierre, quelques caractères arabes, une sentence ou un verset du Coran. Une acrotère, faite de briques contrariées et de tuiles alternativement bombées et creuses, achève l’ornementation. Une longue auge en pierre, où boivent les chevaux, règne sur toute la longueur de la façade. Deux grands arbres du Nord — des frênes, si notre mémoire est fidèle — découpent leur ombre bleue sur la corniche blanche.

Cette disposition, à quelques variantes près, est celle de toutes les fontaines arabes. On ne saurait trouver rien de plus simple, de plus gracieux et en même temps de mieux approprié aux besoins du pays. On peut essayer de faire autrement, mais on fera moins bien. Les peuples orientaux, quand ils ont trouvé la forme élégante et commode, la forme nécessaire de l’objet, n’en changent plus, et, par un amour de variété mal entendu, ne