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des couvertures ou des tapis bariolés pliés en plusieurs doubles ; mais cette monture paraît plus spécialement affectée aux juifs.

Rien n’est plus amusant, pour un homme qui n’a aucune idée préconçue de conquête ou de civilisation, que de flâner le matin dans les rues moresques d’Alger. Les boutiques sont les plus divertissantes du monde à regarder.

Que ce mot boutique n’éveille en votre esprit rien d’analogue à ce qu’il représente en Europe. Les boutiques algériennes se composent de niches pratiquées dans la muraille, à hauteur de ceinture, et qui ont à peine quelques pieds carrés. Une pierre formant degré permet au marchand de s’introduire dans ces bouges, qui, la nuit, se ferment au moyen d’un volet rabattu ou de fortes planches qu’on fait glisser dans une rainure. — L’acheteur se tient en dehors, et le vendeur, accroupi au milieu de sa boutique, n’a qu’à étendre le bras pour atteindre les objets qu’on lui demande ou qu’il veut faire voir. — Ce qui tient dans un si petit espace est vraiment incroyable ; il faut toute la gravité et toute la lenteur orientales pour s’y pouvoir remuer sans casser rien.

Quelquefois les amis du marchand viennent lui rendre