Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lées à la hâte, nous courûmes à la cathédrale. Elle était ouverte, et les quelques lampes qui étoilaient l’obscurité des nefs ne nous permettaient pas de discerner les tableaux des chapelles, d’ailleurs fermées. Il fallut nous contenter de passer devant le Crucifiement et la Descente de Croix, de Rubens. Heureusement, nous les connaissions de longue date, et, le lendemain, à Bruxelles, nous nous dédommageâmes en rendant une visite matinale au Martyre de saint Lieven de Rubens, à la Bacchanale de Jordaens, au Silène de Van Dyck, et à ce mystérieux tableau du Calabrèse, représentant dans une ombre sinistre des combattants inconnus, énigme indéchiffrable où l’on ne comprend que la beauté d’une femme ; mais quelle femme ! Elle sort de la nuit à moitié, comme la lune d’un nuage noir, et son souvenir ne vous quitte plus.

Le soir même, nous étions à Paris.

 Mai 1859.


FIN