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redescendre les pentes, qui nous ramèneront infailliblement aux portions françaises de la ville. La rencontre d’un jeune officier, dont nous avions fait connaissance sur le Pharamond, nous débarrassa de toute inquiétude d’orientation : il eut cette charmante complaisance de vouloir bien nous accompagner dans notre incursion.

Les vieilles rues d’Alger ne ressemblent en rien à ce que nous entendons en Europe par ce mot : les moins étroites ont à peine cinq ou six pieds de large ; les étages surplombent de manière que souvent le faîte des maisons se touche ; les architectes mores ne se préoccupent nullement de la régularité ; et comme, avant la conquête, il n’y avait ni grande ni petite voirie, ce sont à chaque instant des saillies et des retraites, des angles désordonnés, des coudes imprévus, des hasards de cristallisation comme ceux des stalactites dans les grottes. — L’intérieur repousse le dehors, les chambres se prolongent sur la rue, les cabinets sont appliqués aux murs comme des garde-manger ; l’espace qui manque en dedans est pris sur la voie publique.

Toutes ces constructions parasites sont soutenues par des rangées d’étançons qui supportent les encorbellements, et figurent des espèces de moucharabys.

Quelquefois une maison se continue de l’autre côté