Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

précisément jour de fête, occasion excellente pour un voyageur pressé ; car les fêtes, comme les foires et les marchés, réunissent forcément au même lieu une foule de types et de costumes qu’on serait obligé de chercher çà et là avec la chance de ne pas les rencontrer.

On va de la Haye à Scheveningue par une longue avenue d’arbres bordée de maisons de plaisance, de brasseries, de cabarets, de boutiques de confiseurs et de petits objets confectionnés avec des coquillages. À chaque instant passaient de grands omnibus à trois chevaux menés très-vite, des calèches, des berlines, et d’autres voitures particulières ou de louage d’une carrosserie confortable, mais un peu lugubre, n’évitant pas assez la forme et la couleur des corbillards ; des cavaliers, en assez grand nombre, excitaient leurs montures et piaffaient à travers la foule ; c’était en petit l’effet des Champs-Élysées à sept heures du soir. Sur la chaussée marchaient les paysannes endimanchées, en robe étroite, à taille sous les bras, le jupon partant du dos, mais couronnées, depuis l’aïeule jusqu’à la fillette de sept ou huit ans, de ce demi-casque d’argent, coiffure digne d’une impératrice byzantine, qui enveloppe la nuque, contient le chignon, laisse le sommet de la tête