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sol imprégné de poussière saline : les plantations ont végété misérablement, puis sont mortes ; mais, en pourrissant sur la place, elles produiront quelques lignes de terreau ; — certains endroits moins tourbeux ou moins arides laissent poindre une herbe maigre, mêlée de joncs qu’arrachent quelques moutons noirs.

Mais c’est assez parler de la Campine, abordons la Hollande de Paul Potter, la vraie Hollande. Vous n’exigerez sans doute pas de nous une description bien exacte d’Arnheim et d’Utrecht, traversées ou côtoyées au vol de la locomotive. Van der Keyden, van der Velde, van Meere, vous ont donné une idée suffisante de ces maisons de brique aux toits à escaliers ou à volutes, de ces canaux bordés d’arbres, laissant voir au bout de leur perspective un clocher ou un moulin, de ces barques à la coque goudronnée, au bordage vert pomme, mêlant leurs agrès aux branches et faisant sécher leurs voiles à côté des linges pendus aux fenêtres : vous connaissez cela ; mais nous allons essayer de rendre avec quelque précision la campagne telle qu’on l’aperçoit à droite et à gauche par les fenêtres du wagon ; rien n’est plus charmant et plus singulier à la fois.

Représentez-vous un immense tapis du vert le plus frais, le plus tendre, le plus uni, ras à l’œil comme du