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une espèce de plaque de broderie rappelant le pectoral du grand prêtre. Les bras, estompés par le nuage transparent d’une manche de gaze, jaillissaient robustes et nus de l’échancrure des tuniques. Ces bras athlétiques, terminés par de petites mains, sont un caractère distinctif de la race juive, et donnent raison aux peintres italiens et aux femmes qui se penchent du haut des murailles dans le Martyre de saint Symphorien de M. Ingres. — Cela vient-il de ce que, toujours exposés à l’air, ils acquièrent ainsi de la force ? Est-ce une disposition congéniale, ou bien les regards, particulièrement attirés par cette nudité, la seule du costume, sont-ils portés à en exagérer l’importance ? Ce qu’il y a de certain, c’est que nous n’avons jamais vu une juive ayant les bras minces. Les tuniques, dont nous avons parlé, sont étroites et brident sur les hanches et sur la croupe. Les yeux européens, accoutumés aux mensonges de la crinoline, aux exagérations des sous-jupes et autres artifices qui métamorphosent en Vénus Callipyges des beautés fort peu hottentotes, sont surpris de voir ces tailles sans corset et ces corps qu’enveloppe une simple chemise de gaze moulés par un fourreau de damas ou de lampas qui fait fort peu de plis ; mais on en prend bientôt l’habitude, et l’on apprécie la sincé-