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bourg, une petite ville. Ils sont littéralement les uns sur les autres, presque aussi près dans la réalité que sur la carte. Vus du fleuve, ces bourgs présentaient à peu près le même aspect, et il serait malaisé d’en rendre les différences par la description ; d’ailleurs, le bateau, sous la double impulsion de la vapeur et du courant, file si vite, qu’à peine a-t-on le temps de les apercevoir. Au Schloss-Rhenstein succède le Falkenburg, puis viennent le Sonneck, le Heimburg, le Rhindiebach, Bacharach avec son château de Staleck et sa chapelle de Saint-Werner, tout cela sur la rive gauche du fleuve. Il faut bientôt se retourner. Le Pfalz, une espèce de bastion hérissé d’une foule de clochetons et de tourelles en poivrière, émerge du Rhin à droite, au pied des ruines de Gutenfels. Le Pfalz dépassé, voilà que, sur l’autre bord, se dresse le Schonberg, et qu’on vous signale Oberwesel. Ne regardez plus Oberwesel, vous laisseriez passer sans les voir les Sept-Jeunes-Filles. Diable ! ce serait dommage ! Sont-elles jolies, ces Sept-Jeunes-Filles. Ce sont sept rochers à fleur d’eau sur lesquels ne se peigne aucune ondine, aucune elfe aux cheveux verts. Bon ! voici le Lurleifelsen, dont la roche s’avance comme un promontoire dans le fleuve. La Concordia salue en passant,