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IV

LE RHIN

Quelle charmante manière de voyager que la navigation fluviale ! le bateau à vapeur file comme la flèche, sans tangage ni roulis, entre deux rives assez rapprochées pour que vous en discerniez les détails. Vous pouvez vous asseoir, vous promener, descendre dans la cabine, remonter sur le pont, vous transporter de la poupe à la proue, fumer, lire, rêver, vous mêler aux groupes dont le costume ou la conversation vous intéresse. Vous marchez vous-même sur un plancher qui marche, et vous n’êtes pas réduit comme dans les autres modes de locomotion, voiture, diligence ou chemin de fer, à l’état inerte de colis. Vous avez tous les agréments et tout le confort du vaisseau, moins les indéfinissables angoisses et les avilissantes nausées du mal de mer. Nulle gêne, nulle souffrance, nulle fatigue. C’est le loisir occupé, le repos moins l’ennui.