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promenade qu’une jeune femme qui montre les ruines d’Heidelberg aux étrangers avec beaucoup de grâce, de convenance et d’instruction, nous fit faire à travers les salles souterraines, les tours effondrées, les galeries coupées de larges brèches ; mais nous vous prévenons, si vous visitez jamais la fameuse tonne dans la cave où elle est encore, de ne pas tirer la ficelle qui pend sous l’horloge placée à côté de Perhéo, le nain du dernier électeur, car vous seriez comme nous souffleté par une queue de renard que pousse un ressort.

Une heure à Heidelberg, lorsque quinze jours suffiraient à peine, c’est dur ! mais il faut repartir, et voilà que, mené par un cocher hardi, notre roue enrayée dans un sabot, nous descendons une petite rue à pic, une vraie montagne russe, pour aller trouver la route de Mannheim, où nous irons avec nos chevaux, ne voulant pas attendre le passage du chemin de fer.

D’Heidelberg à Mannheim, la route est très-unie, très-belle, plantée d’arbres touffus et soignée comme une allée de parc. Nous rencontrions à chaque instant des chevaux superbes traînant du fourrage dans de légères charrettes, et qu’on eût admirés à Paris entre les brancards d’un coupé d’Erhler. De chaque côté de la route s’étendaient des campagnes verdoyantes et bien culti-