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angles de petits disques d’argent ciselé, d’où pendent des chaînettes de même métal ; cette taille sous le sein, ces manches ouatées et ballonnées comme les anciennes manches à gigot, cette cravate noire, ce nœud de ruban en papillon formant la coiffure. Dussiez-vous nous trouver puéril, cela nous faisait plaisir. Il est amusant, en ce siècle d’uniformité, de voir les costumes de Guillaume Tell dans une gare de chemin de fer. Une seule chose nous étonnait, c’était de ne pas entendre le chœur chanter :


Toi que l’oiseau ne suivrait pas, ah ! ah ! ah !…

Les wagons sur les chemins de fer suisses et allemands n’ont pas la même installation que les nôtres. Les wagons français sont d’excellentes voitures, très-bien rembourrées, capitonnées et passementées ; ils représentent l’idéal de la berline ou de la diligence, et, sous ce rapport, on ne peut adresser aux compagnies le moindre reproche, pour la première classe du moins. Les wagons suisses sont des salons avec de grands fauteuils à la Voltaire, une table au milieu, un tapis, une glace ; on s’y promène comme dans une chambre. Nous approuvons beaucoup cet aménagement : il est vrai, il est logique, et il sera, nous l’espé-