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stantine, qu’on aperçoit de même du Coudyat-Ati, entourée par le ravin au fond duquel écume le Rummel, et reliée à la terre ferme par un pont plein de hardiesse ; — seulement, les environs de Constantine, pulvérulents, dévorés de lumière, effrités de soleil, ne nourrissent que des cactus et des palmiers nains, et la plus riche, la plus luxuriante végétation revêt les pentes des collines qui entourent Berne. De chaque côté de la route, dans des prés d’un vert d’émeraude, éclataient, en pluie d’or et d’argent, ce que nous appellerons, faute d’un terme qui rende mieux l’effet, les bombes lumineuses d’un feu d’artifice de fleurs.

Les chemins de fer suisses ont quelque chose de débonnaire et de patriarcal. Les abords n’en sont pas défendus : l’on va et l’on vient sur la voie, et les machines n’y semblent pas si méchantes que les nôtres, qu’on prendrait pour des monstres d’acier et de cuivre prêts à tout avaler. En attendant le départ, qui s’opère tranquillement comme un départ de diligence ou de coucou, nous regardions avec reconnaissance quelques femmes qui avaient eu la délicate attention de revêtir leur costume national, pour la plus grande joie des touristes. Vous savez : cette pièce d’estomac, blanche, découpée dans la robe noire ou violette, étoilée aux