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courbes disgracieuses et vos piliers sans proportion ?

Par bonheur, la façade de la Djenina, ancien palais du dey, dont le grand mur, orné d’un cadran, occupe le fond de la place, à l’endroit où débouche la rue Bab-el-Oued ; les dômes blancs et le minaret, incrusté de faïence verte, de la petite mosquée, située à droite de la porte de la Pêcherie, et que le génie a bien voulu ne pas détruire, corrigent à temps la banalité bourgeoise de ces bâtisses modernes.

On a fait à plusieurs reprises, sur cette place, des plantations d’arbres de différentes essences qui n’ont guère prospéré, soit par le manque d’humidité, soit parce que leurs racines rencontrent trop tôt les voûtes des anciens magasins murés qui forment les substructions du terre-plein.

Le côté de la mer s’escarpe en terrasse et s’ouvre sur l’azur sans bornes qui étincelle à travers un noir réseau d’agrès : — c’est là que s’élève la statue équestre de Son Altesse royale le duc d’Orléans, de Marochetti.

L’hôtel de la Régence, l’hôtel du Gouvernement, des boutiques et des cafés occupent ces vilaines belles maisons en arcades dont le modèle se produit dans les rues Bab-Azoun et Bab-el-Oued, et plusieurs autres d’Alger, au grand regret des artistes et des voyageurs.