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mutilés et frustes dans le musée fragmentaire, espèce d’invalides de la sculpture, disposé sous le portique de la Pinacothèque.

À la gauche du Parthénon, quand on débouche des Propylées, on trouve les ruines de trois temples, accolés les uns aux autres sans nul soin de symétrie, et d’une architecture différente : ceux de Minerve Poliade, d’Érechthée et de Pandrose, nommé aussi le Pandrosium ; — ce singulier agencement montre encore une fois que les anciens ne tenaient pas autant que le pensent les modernes à la régularité absolue, et même l’évitaient pour charmer l’œil par la rupture des lignes. — Les lois de l’interséquence semblent leur avoir été connues et ils justifient souvent, sur ce point, les idées ingénieuses de M. Ziégler dans ses recherches sur la céramique et les principes de l’ornementation. Ici, peut-être, cette bizarre disposition de l’architecture a eu pour motif des superstitions locales qui ne permettaient pas d’adopter un autre plan.

L’Érechthéum renfermait la source salée que Neptune fit jaillir d’un coup de trident lors de sa dispute avec Minerve au sujet de la protection d’Athènes. La source a été tarie par les éboulements et les tremblements de terre ; mais on voit encore sur le rocher,