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degrés et de deux portiques tétrastyles d’ordre ionique, l’un sur la façade, l’autre à l’opposite.

La façade, orientée assez irrégulièrement, regarde d’une manière oblique la tour dont nous avons parlé ; de sorte qu’en montant la rampe, on aperçoit d’abord le portique postérieur se présentant en diagonale ; ce qui est contraire aux idées modernes de symétrie absolue, dont les anciens tenaient peu de compte, comme on peut le voir par l’assiette plutôt pittoresque que géométrique de leurs monuments. — Peut-être aussi la nécessité de concentrer un grand nombre d’édifices dans une enceinte sacrée naturellement restreinte les faisait-elle se relâcher à l’endroit de la régularité.

Les colonnes du portique, dont le fût, d’un seul morceau, mesure douze pieds de hauteur, sont striées de cannelures froissées et fripées par le temps comme les plis d’une fine tunique autour d’un beau corps de femme : on dirait une draperie de Phidias jetée négligemment sur la hanche d’une statue ; des cassures intelligentes, des érosions pleines d’à-propos ont rompu les lignes droites et les pures arêtes et donné au marbre, d’une transparence dorée, l’aspect d’une souple étoffe de byssus.