Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le chemin que l’on suit entre des quartiers de marbre, des débris de masures turques, des soubassements de murailles antiques, pour arriver à la façade du merveilleux monument, est bien la voie primitive, déblayée jusqu’au vif de la roche. Ictinus, Callicrate, Phidias et tous ces grands hommes vivant aujourd’hui de la vie universelle et éternelle ont posé leurs pieds divins sur cette pierre sacrée que tous les artistes devraient baiser, le front humilié dans la poudre des siècles !

Cette façade se compose de huit colonnes doriques, élevées sur trois marches et d’un fronton triangulaire. Rien n’est plus simple, et quelques lignes tracées à la règle sur une feuille de papier blanc suffiraient à en donner l’idée géométrique ; et pourtant l’impression est profonde, soudaine, irrésistible. Tous les faux rêves que l’on s’était formés s’évanouissent comme des ombres légères ; le nuage se déchire, et, sous un rayon d’or se détachant d’un calme fond d’azur, la réalité vous apparaît avec sa puissance souveraine mille fois supérieure à l’imagination.

Tant de couchers de soleil ont imprégné de leurs teintes roses les blanches colonnes de pentélique depuis le jour où elles s’élevèrent, à la voix de Périclès, dans