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tellement la beauté vraie, absolue, parfaite ; ensuite, il n’y a que des variétés de décadence, et la Grèce garde toujours, accoudée à ses blocs de ruines, le haut droit aristocratique de flétrir le reste du nom de barbare. Nous nous sommes débarbouillés de nos tatouages, nous avons retiré les arêtes de poisson de nos narines, échangé nos framées de pierre contre des fusils à piston ; mais voilà tout. En face de cette œuvre si pure, si noble, si belle, si harmonieusement balancée sur un rhythme divin, on tombe dans une humble et profonde rêverie, on se pose d’inquiétantes questions, on se demande si le génie humain, qui croit courir d’un pas si rapide dans le chemin du progrès, n’a pas, au contraire, suivi une marche rétrograde ; et l’on se dit que, malgré les religions nouvelles, les inventions de toute sorte, boussole, imprimerie, vapeur, l’idée du beau a disparu de la terre ou que ses enfants sont impuissants à la rendre.

Les Propylées ne s’ajustent pas exactement avec l’axe du Parthénon, un peu plus reculé vers la droite par la disposition du terrain. Les anciens ne cherchaient pas comme nous la symétrie rigoureuse et mathématique, mais bien plutôt d’heureuses oppositions des masses ; en quoi ils avaient raison.