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blanches et rouges sorties miraculeusement des épines dont il s’était flagellé pendant l’hiver, offre ce mélange de réalité et d’idéal qui forme l’originalité de Murillo. Le saint drapé dans son froc, l’autel et tous ses accessoires sont peints avec une fidélité naïve, un accent de nature qui fait ressortir admirablement la partie supérieure du tableau, illuminée d’un jour surnaturel, baignée d’effluves rayonnants et nageant dans cette lumière argentée que Murillo fait jaillir sans effort de sa palette harmonieuse.

La Conversion de saint Paul est une composition très-dramatique : le capitaine renversé de son cheval blanc, dans une pose pleine de mouvement et de caractère, tend les bras vers le ciel, dont la splendeur cause son aveuglement momentané. Dans ce ciel, d’un éclat éblouissant, apparaît le Christ avec sa croix. Les soldats, épouvantés, se dispersent de côté et d’autre ; cela est peint avec un feu et une force étonnants.

Il y a encore de Murillo, au musée de Madrid, une suite de petits tableaux représentant les diverses phases de la vie de l’Enfant prodigue : l’Enfant prodigue recevant sa légitime de son père ; délaissant la maison paternelle ; s’abandonnant au libertinage, et mangeant en compagnie de ses concubines ; agenouillé