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server à l’enfant qui sourit et qui se joue le regard illuminé, l’éclair prophétique ; nul mieux que lui n’allonge en rayons les boucles blondes, et ne fait plus naturellement prendre racine à l’auréole dans une tête frisée.

Bien qu’il se plaise à peindre les enfants et les femmes, il ne faudrait pas croire pour cela qu’il est incapable de rendre les natures mâles et les scènes vigoureuses ou même terribles.

Du petit Jésus, il peut faire un Christ ; et, de l’enfant rose, un cadavre bleuâtre étiré sur la croix, avec la bouche violette, béante, dans le flanc, les longs filets écarlates qui rayent la blancheur exsangue du corps ; ses jolis ciels, pleins d’azur et de nuages nacrés, s’emplissent de ténèbres et d’éclairs sinistres ; ses saints, aux regards noyés d’extases, il peut les décharner, les jaunir, les verdir, les rendre effrayants, comme le Saint Bonaventure qu’on voit à Paris, revenant achever ses Mémoires après sa mort, ou comme le Saint Jean de Dieu de Séville, portant un cadavre alourdi par le diable.

Le tableau de Saint François d’Assise présentant à la Vierge et à l’Enfant Jésus, qui lui apparaissent dans une gloire, entourés d’un nimbe de chérubins, les roses