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bleaux en froids, chauds et vaporeux. C’est un adorable peintre que Murillo, malgré quelques afféteries et quelques négligences ; jamais coloris plus suave, plus moelleux, plus fondu, n’a enveloppé formes plus souples et plus aisément modelées ; comme il sait épanouir dans le ciel des collerettes de chérubins, et frotter d’un rose charmant ces faces rebondies et ces petits talons enfantins ! quels gris de perle doucement argentés il trouve sur sa palette pour ombrer les têtes de madones, et quelles rougeurs pudibondes pour ces joues que colore l’annonce de l’ange Gabriel ! Impossible d’idéaliser avec plus de grâce le type des femmes de Séville ; tout le charme de la beauté espagnole brille dans ces toiles adorables.

Il y a là une Annonciation qui est une chose ravissante, et une Sainte Famille qui, dans un autre genre, peut se soutenir à côté de celles du peintre d’Urbin.

Saint-Joseph, assis, tient l’Enfant Jésus affectueusement embrassé. Celui-ci, portant un chardonneret sur le doigt, joue avec un petit chien qui guette le moment de saisir l’oiseau ; la sainte Vierge, suspendant son travail, contemple avec un sourire céleste cette scène innocente.

Murillo a le secret de la puérilité divine ; il sait con-