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mordre le taureau à l’oreille ; voilà les nouvelles les plus fraîches.

Comme il faisait presque nuit, on suspendit la course pour faire avancer les voitures de la cour. Cette interruption au plaisir du peuple fut accueillie par des huées, des sifflets, et un vacarme épouvantable qui ne s’apaisa que lorsque la place fut libre.

Il restait encore deux taureaux ; mais, vu l’heure avancée, la pluie de plus en plus forte, et l’obscurité de plus en plus épaisse, on ne les fit pas sortir du toril.

Alors commença un chœur formidable d’imprécations et d’injures, dont le refrain obligé était cette phrase chantée sur une mélopée bizarre : Otro toro, otro toro, otro toro, modulée dans tous les tons possibles.

Les toreros étant partis pendant le tumulte, force fut à ces aficionados enragés de se retirer aussi.

Les corridas de toros de corte étaient finies !


IX

Saturé de sang et d’émotions poignantes, nous avions besoin de sensations plus douces et plus idéales ; il nous