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leros en plaza, mais présentés cette fois par la ville, sous le patronage du duc de Veraguas, corrégidor de Madrid. Le cérémonial fut à peu près le même que la veille ; seulement, les carrosses n’avaient que quatre chevaux, et les cavaliers ne parurent que pour la forme ; après avoir rompu un ou deux rejoncillos, ils se retirèrent, et la course eut lieu comme d’habitude.

Nous ne recommencerons pas la description minutieuse des suertes et des cogidas de cette corrida, nous craindrions d’ennuyer nos lecteurs. — Les taureaux sont un spectacle monotone à décrire ; rien n’est plus simple et plus primitif que ce divertissement. Le sujet est la vie et la mort ; — l’intérêt du drame, de savoir qui sera tué, de l’homme ou de l’animal féroce. — La pièce est invariablement divisée en trois actes, qui pourraient s’intituler : la lance, la banderille et l’épée. Mais cela suffit pour tenir haletants des milliers de spectateurs pendant des journées entières.

Le surlendemain, qui était le troisième jour, le temps, d’incertain devint tout à fait mauvais, et nous eûmes le spectacle divertissant et singulier d’une course pendant la pluie.

En Espagne, dès que la course est commencée, rien ne peut l’interrompre. Les cataractes du ciel s’ouvri-