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de flots de fumée noire. Singulière façon de célébrer un événement heureux que de s’empoisonner à faire fondre du suif sur des ifs bitumés de suie !


VIII

Le lendemain, la course recommença sur les dix heures du matin. Nous aimions ce combat au saut du lit, en négligé et d’une familiarité tout intime. Les spectateurs causaient avec les chulos à califourchon sur le rebord des tablas, et, comme la grandeur de la place et le nombre des combattants diminuaient de beaucoup le péril, des groupes de toreros inoccupés se tenaient sur l’étrier de la barrière, et devisaient en se chauffant au soleil ; car, bien que le temps fût clair, il soufflait une petite brise assez aigre.

Rien n’était plus joli que de voir scintiller sous le rayon, dans cet angle lumineux, les paillettes et les broderies des costumes. Les couleurs tendres des capes prenaient des nuances charmantes : — quel dommage qu’il n’y eût pas là un Goya avec sa palette !

De temps en temps, le taureau venait interrompre la