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Le taureau hésitait à sauter de l’obscurité de sa caverne dans la pleine lumière du cirque. Un chapeau jeté devant la porte le décida.

C’était un taureau noir de Mazpule, portant sur l’épaule une splendide divisa blanche, bordée d’argent. — La divisa, nos lecteurs le savent sans doute, est un nœud de ruban fixé dans le cuir du taureau par une aiguillette, et dont la couleur sert à désigner la vacada ou pâturage dont il sort ; on compte, parmi les nourrisseurs, les plus grands noms d’Espagne. — Les courses de taureaux rendent les plus grands services à l’agriculture et à l’élève des bestiaux ; car on aurait tort de croire que tout taureau soit propre au combat : il faut pour cela autant de qualités qu’on en exige d’un cheval de course, et un troupeau tout entier fournit à peine trois ou quatre sujets dignes de paraître dans l’arène ; des efforts faits par les éleveurs pour atteindre la perfection idéale du taureau de place, il résulte une rare pureté de sang et des races magnifiques. — Aussi est-il fréquent de voir des bœufs de trait d’une beauté merveilleuse et qu’on croirait détachés des bas-reliefs grecs, tant ils ont une physionomie homérique et grandiose.

Ce brave taureau fondit fort délibérément sur les