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y voit des caballeros en plaza, c’est-à-dire des gens de bonne famille, qui ne sont pas toreros de profession et paraissent cette fois seulement dans l’arène ; ils combattent à cheval, et ont pour arme le rejoncillo, espèce de lance à fer aigu, à hampe fragile qui se brise dans le choc. Les caballeros en place sont patronnés par les plus grands seigneurs, qui font des dépenses folles pour les équiper, eux et leur suite. — Le désir de montrer leur adresse et leur courage, l’espoir d’obtenir la pension de huit mille réaux et le grade d’écuyer de la reine, déterminent les champions, qui n’ont jamais manqué ; ce sont eux qui, ordinairement, ouvrent la course, et leur présentation se fait avec un luxe et un cérémonial qui méritent une description détaillée.

Le cortége déboucha sur la place par l’arcade de la rue de Tolède, dans l’ordre suivant :

Premièrement, une voiture tirée par quatre beaux chevaux bais, avec de magnifiques harnais rouges et des guides blanches ; c’était celle du comte d’Altamira en riche habit de cour, et du caballero en plaza, son filleul, don Roman Fernandez, habillé de bleu de ciel et de blanc à l’autrichienne ; l’espada Jimenès, connu aussi sous le nom d’el Morenillo (le basané), accompagnait la voiture avec sa quadrille, pour défendre et