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place et moutonnait à flots compacts le long des galeries, rendues obscures par les constructions des amphithéâtres. Depuis huit jours, les marchands des nombreuses boutiques établies sous les piliers vivaient dans l’ombre comme des Troglodytes ; mais c’est là un inconvénient de peu d’importance lorsqu’il s’agit de courses royales, un spectacle qui ne se renouvelle qu’à de longs intervalles, aux mariages et aux avénements des têtes couronnées !

Les uns achetaient des billets pour la prueba (course du matin), les autres pour la corrida de la tarde (course du soir), quelques-uns pour toutes les deux. Aux courses royales, les balcons appartiennent à la cour, mais les galeries et les tendidos appartiennent aux propriétaires des maisons auxquelles ils s’adossent. — Quelques corporations jouissent aussi du privilége d’une ou plusieurs fenêtres. — Des concessions à perpétuité ont été faites à de certains seigneurs par faveur ou pour des services rendus : témoin le duc d’Osuna, qui, précédé d’un alguazil et son diplôme à la main, se fit rendre un balcon donné à ses ancêtres par le roi Philippe IV. Grâce à l’obligeance de M. Fiereck, aide de camp du duc d’Aumale, nous avions une place pour toute la journée à une fenêtre du second étage, d’où