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étaient drolatiques à voir. Le pantalon à la mameluk, le turban en gâteau de Savoie, le soleil dans le dos, le croissant sur le front, rien n’y manquait, que le sacramentel coup de pied au derrière. Le Turc Malek-Adel, tel qu’on le pratiquait avant la conquête d’Alger, s’est conservé en Espagne comme un fossile dans un bloc de pierre.

Ces danses sub Jove crudo donnent de la gaieté et amusent innocemment la population, qui connaît la plupart des exécutants et leur adresse ces interpellations comiques, si familières au génie espagnol.

Le soir, la ville flamboyait comme un ciel d’été, constellée d’illuminations splendides ; le Prado faisait scintiller la lumière d’un million de verres de couleurs ; le Correo, la façade du Musée naval, le palais de Buena-Vista, l’inspection, la caserne du génie, piquaient de points d’or, d’azur, d’émeraude et de rubis, les voiles sombres de la nuit, et offraient un spectacle vraiment magique ; à tous les balcons, des torchères, soutenant des flambeaux de cire, attestaient l’allégresse générale, et des transparents, ornés d’attributs et de devises en l’honneur de la reine, prouvaient que l’ancienne galanterie espagnole n’avait pas dégénéré.

Quant au feu d’artifice, nous devons dire qu’il ne ré-